La Verdad / La Vérité --- Marqués de Sade
La Verdad / La Vérité
Marqués de Sade
La vérité
Quelle est cette chimère impuissante et stérile,
Cette divinité que prêche à l’imbécile
Un ramas odieux de prêtres imposteurs?
Veulent–ils me placer parmi leurs sectateurs?
Ah! jamais, je le jure, et je tiendrai parole,
Jamais cette bizarre et dégoûtante idole,
Cet enfant de délire et de dérision
Ne fera sur mon cieur la moindre impression.
Content et glorieux de mon épicurisme,
Je prétends expirer au sein de l’athéisme
Et que l’infâme Dieu dont on veut m’alarmer
Ne soit conçu par moi que pour le blasphémer.
Oui, vaine illusion, mon âme te déteste,
Et pour t’en mieux convaincre ici je le proteste,
Je voudrais qu’un moment tu pusses exister
Pour jouir du plaisir de te mieux insulter.
Quel est–il en effet ce fantôme exécrable,
Ce jean–foutre de Dieu, cet être épouvantable
Que rien n’offre aux regards ni ne montre à l’esprit,
Que l’insensé redoute et dont le sage rit,
Que rien ne peint aux sens, que nul ne petit comprendre,
Dont le culte sauvage en tous temps fit répandre
Plus de sang que la guerre ou Thémis en corroux
Ne purent en mille ans en verser parmi nous1?
(1) On évalue à plus de cinquante millions d’individus les pertes occasionnées par
les guerres ou massacres de religion. En est–il une seule d’entre elles qui vaillent
seulement le sang d’un oiseau? et la philosophie ne doit–elle pas s’armer de toutes
D.A.F. DE SADE
La verdad
¿Qué es este monstruo, esta quimera impotente y estéril,
Esta divinidad que una odiosa corte
De curas impostores predica a los imbéciles?
¿Quieren acaso incluirme entre sus seguidores?
¡Ah no! Juro y mantendré mi palabra,
Jamás este ídolo ridículo y repugnante,
Este hijo de delirio y la irrisión
Dejará huella alguna en mi corazón.
Contento y orgulloso de mi epicureísmo
Quiero expirar en el seno del ateísmo
Y que al Dios infame con que quieren asustarme
Sólo lo conciba para blasfemarlo.
Sí, vana ilusión, mi alma te aborrece,
Y para convencerte más aquí lo reafirmo,
Yo quisiera que pudieses existir por un momento
Para gozar del placer de insultarte mejor.
¿Qué es realmente este fantasma execrable
Ese Don nadie de Dios, ser lamentable
Que nada ofrece a la mirada ni nada dice a la mente,
De quien teme el loco y ríe el sabio,
Que nada dice a los sentidos, que nadie puede comprender,
Cuyo culto salvaje derramó en todos los tiempos
Más sangre que la guerra o la furia de Temis
Pudieron derramar en mil años en la Tierra?1
(1) Se calcula, en más de cincuenta millones el número de muertos en las guerras
o matanzas de religión. ¿Acaso una sola de ellas vale la sangre de un pájaro? ¿Y la
filosofía no debe armarse toda para aniquilar a un Dios en nombre del cual se in-
J’ai beau l’analyser, ce gredin déifique,
J’ai beau l’étudier, mon æil philosophique
Ne voit dans ce motif de vos religions
Qu’un assemblage impur de contradictions
Qui cède à l’examen sitôt qu’on l’envisage,
Qu’on insulte à plaisir, qu’on brave, qu’on outrage,
Produit par la frayeur, enfanté par l’espoir (2),
Que jamais notre esprit ne saurait concevoir,
Devenant tour à tour, aux mains de qui l’érigé,
Un objet de terreur, de joie ou de vertige
Que l’adroit imposteur qui l’annonce aux humains
Fait régner comme il veut sur nos tristes destins,
Qu’il peint tantôt méchant et tantôt débonnaire,
Tantôt nous massacrant, ou nous servant de père,
En lui prêtant toujours, d’après ses passions,
Ses mæurs, son caractère et ses opinions:
Ou la main qui pardonne ou celle qui nous perce.
Le voilà, ce sot Dieu dont le prêtre nous berce.
Mais de quel droit celui que le mensonge astreint
Prétend–il me soumettre à l’erreur qui l’atteint?
Ai–je besoin du Dieu que ma sagesse abjure
pièces pour exterminer un Dieu en faveur duquel on immole tant d’êtres qui
valent mieux que lui, n’y ayant assurément rien de plus détestable qu’un Dieu,
aucune idée plus bête, plus dangereuse et plus extravagante?
(2) L’idée d’un Dieu ne naquit jamais chez les hommes que quand ils craignirent
ou qu’ils espérèrent; c’est à cela seul qu’il faut attribuer la presque unanimité des
hommes sur cette chimère. L’homme, universellement malheureux, eut dans tous
le lieux et dans tous les temps des motifs de creainte et d’espiir, et partout il invoquia
la cause qui le tourmentait, comme partout il espéra la fin de ses maux. En
invoquant l’être qu’il en supposait la cause, trop ignorant ou trop crédule pour
sentir que le malheur inévitablement annexé à son existence n’avait d’autre cause
que lanature même de cette existence, il créa des chimères auxquelles il renonça,
dès que l’étude et l’expérience lui en eurent fait sentir l’inutilité.
Me place analizar a este bribón divinizado,
Me place estudiarlo, mi ojo filosófico
Sólo ve en vuestras religiones
Una mezcla impura de contradicciones
Que no resiste un examen si se la considera,
Que se insulta con placer, se injuria y se ultraja,
Producto del miedo, creación de la esperanza,2
Que nuestra mente nunca podría concebir,
Convertido alternativamente, según quien lo exalte,
En objeto de terror, de alegría o de vértigo
Que el astuto impostor que lo anuncia a los hombres
Hace reinar a su gusto sobre nuestros tristes destinos,
Pintándolo como malvado o como bondadoso
Ora matándonos, ora haciendo de padre,
Adjudicándole siempre, según sus pasiones,
Sus costumbres, su carácter y sus opiniones:
La mano que perdona o que nos asesina.
He ahí el Dios tonto con que nos adormece el cura.
Pero, ¿con qué derecho el condenado por mentiroso
Pretende someterme al error que lo aqueja?
¿Acaso necesito del Dios abjurado por mi saber
molan tantos seres que valen más que él, no habiendo seguramente nada más detestable
que un Dios, ninguna idea más torpe, más peligrosa y extravagante?
(2) La idea, de un Dios siempre surgió, entre los hombres, del miedo o de la esperanza.
Sólo a ello hay que atribuir la casi unanimidad de los hombres con respecto
a esta monstruosa quimera. Universalmente desdichado, el hombre tuvo en todos
los tiempos y en todas partes motivos de temor y de esperanza, e invocó en todas
partes la causa de su tormento, así como la espera del fin de sus males. Al invocar
a quien supuestamente era la causa de ellos, el hombre, por demás ignorante
o demasiado crédulo para sentir que la desgracia inevitablemente ligada con su
existencia, no encontró otra causa que la naturaleza misma de su existencia, y entonces
creó fantasmas, quimeras, y desde ese momento impidió que el estudio y la
experiencia le hicieran sentir la inutilidad de ellos.
Pour me rendre raison des lois de la nature?
En elle tout se meut, et son sein créateur
Agit à tout instant sans l’aide d’un moteur3.
A ce double embarras gagne–je quelque chose?
Ce Dieu, de l’univers démontre–t–il la cause
S’il crée, il est créé, et me voilà toujours
Incertain, comme avant, d’adopter son recours.
Fuis, fuis loin de mon cæur, infernale imposture;
Cède, en disparaissant, aux lois de la nature:
Elle seule a tout fait, tu n’es que le néant
Dont sa main nous sortit un jour en nous créant.
Evanouis–toi donc, exécrable chimère!
Fui loin de ces climats, abandonne la terre
Où tu ne verras plus que des cæurs endurcis
Au jargon mensonger de tes piteux amis!
Quant à moi, j’en conviens, l’horreur que je te porte
Est à la fois si juste, et si grande, et si forte,
Qu’avec plaisir. Dieu vil, avec tranquillité,
Que dis–je? avec transport, même avec volupté,
Je serais ton bourreau, si ta frêle existence
Pouvait offrir un point à ma sombre vengeance,
Et mon bras avec charme irait jusqu’a ton cæur
De mon aversion te prouver la rigueur.
Mais ce serait en vain que l’on voudrait t’atteindre,
(3) La plus légère étude de la nature nous convainc de l’éternité du mouvement
chez elle, et cet examen attentif de ses lois nous fait voir que rien ne périt dans elle
et que le se régénère l sans cesse par le seul effet de ce que nous croyons qui l’offense
ou qui paraît détruire ses ouvrages. Or si les destructions lui sont nécessaires, la
mort devient un mot vide de sens: il n’y a plus que des transmutations et point
d’extinction. Or la perpétuité du mouvement dans elle anéantit toute idée d’un
moteur.
Para comprender las leyes de la naturaleza?
En ella todo se estremece, y su seno creador
Actúa a cada instante sin ayuda de motor.3
¿Acaso gano algo con esa doble confusión?
¿Acaso este Dios explica el origen del universo?
Si él crea, ha sido creado, y así siempre
Me siento impedido, como antes, de adoptar su prédica.
Huye, huye lejos de mi corazón, infernal impostura;
Sométete, al desaparecer, a las leyes de la naturaleza;
Sólo ella ha hecho todo, tú sólo eres la nada
De donde ella nos sacó un día creándonos!
¡Desvanécete pues, execrable quimera!
¡Huye lejos de estos climas, abandona la Tierra
Donde sólo encontrarás corazones endurecidos
Por la jerga mentirosa de tus piadosos amigos!
En cuanto a mí, confieso que el horror que me produces
Es a la vez tan justo, grande y fuerte,
Que con placer, vil Dios, y con tranquilidad,
¿Qué digo?, y también con transporte y voluptuosidad.
Yo sería tu verdugo, si tu frágil existencia
Pudiera ofrecerme un punto de referencia
Para mi sombría venganza, y mi brazo
Pudiera llegar encantado hasta tu corazón
Para probarte el rigor de mi aversión.
Pero sería inútil querer alcanzarte
(3) El más somero estudio de la naturaleza, basta, para convencernos de la eternidad
del movimiento en ella, y este examen minucioso de sus leyes nos permite ver
que nada de ella muere, que la naturaleza se regenera sin cesar por el solo efecto
de lo que nosotros creemos que la ofende o que parece destruir sus obras. Pero al
mismo tiempo que necesita las destrucciones, la palabra muerte se vacía de sentido:
ya sólo hay transmutaciones y nada de extinción, aunque la perpetuidad del
movimiento elimina en ella toda idea de motor.
Et ton essence échappe à qui veut le contraindre.
Ne pouvant t’écraser, du moins, chez le mortels,
Je voudrais renverser tes dangereux autels
Et démontrer à ceux qu’un Dieu captive encore
Que ce lâche avorton que leur faiblesse adore
N’est pas fait pour poser un terme aux passions.
O mouvements sacrés, fières impressions,
Soyez à tout jamais l’objet de nos hommages,
Les seuls qu’on puisse offir au culte des vrais sages,
Les seuls en tous le temps qui délectent leur cæur,
Les seuls que la nature offre à notre bonheur!
Cédons à leur empire, et que leur violence,
Subjuguant nos esprits sans nulle résistance,
Nous fasse impunément des lois de nos plaisirs:
Ce que leur voix prescrit suffit à nos désirs4.
Quel que soit le désordre où leur organe entraîne,
Nous devons leur céder sans remords et sans peine,
Et, sans scruter nos lois ni consulter nos mæurs,
(4) Rendons–nous indistinctement à tout ce que les passions nous inspirent, et
nous serons toujours heureux. Méprisons l’opinion des hommes: elle n’est que le
fruit de leurs préjugés. Et quant à notre conscience, ne redoutons jamais sa voix
lorsque nous avons pu l’assouplir: l’habitude aisément la réduit au silence et métamorphose
bientôt en plaisir les plus fâcheux souvenirs. La conscience n’est pas l’organe
de la nature; ne nous y trompons pas, elle n’est que celui des préjugés: vainquons–
les, et la conscience sera bientôt à nos ordres. Interrogeons celle du sauvage,
demandons–lui si elle lui reproche quelque chose. Quand il tue son semblable et
qu’il Le dévore, la nature semble parler en lui; la conscience est muette; il conçoit
ce que les sots appelent le crime, il l’exécute; tout se tait, tout est tranquille, et il a
servi la nature par l’action qui plaît le mieux à cette nature sanguinaire dont le
crime entretient l’énergie et qui ne se nourrit que des crimes.
Tu esencia elude a quien quiere cercarla.
Por no poder aplastarte entre los mortales,
Quisiera al menos destruir tus peligrosos altares
Y mostrar a quienes se sienten aún cautivados por Dios
Que ese cobarde aborto que adora la debilidad de ellos
No está hecho para limitar las pasiones.
¡Oh movimientos sagrados, audaces impresiones,
Sed para siempre el objeto de nuestros honores,
Los únicos que pueden ofrecerse en el culto de los
verdaderos sabios,
Los únicos en todos los tiempos que deleitan su corazón,
Los únicos que ofrece la naturaleza a nuestra felicidad.
Aceptemos su imperio, y que su violencia,
Subyugando nuestras mentes sin la menor resistencia,
Convierta impunemente nuestros placeres en leyes:
Lo que prescribe su voz basta para nuestros deseos.4
Sea cual fuere el desorden donde nos conduzca
Debemos aceptarlo sin pena ni remordimientos,
Y, sin consultar nuestras leyes ni nuestras costumbres,
(4) Volvamos indistintamente a todo lo que nos inspiran las pasiones y así seremos
siempre felices. Despreciemos la opinión de los hombres que es sólo el fruto de
sus prejuicios. Y en cuanto a nuestra conciencia, nunca temamos su voz si hemos
logrado dominarla: la costumbre la reduce fácilmente al silencio y muy pronto
convierte en placenteros a los recuerdos más desagradables. La conciencia no es el
órgano de la naturaleza; no nos engañemos, es el órgano de los prejuicios. Venzámoslos
y enseguida la conciencia se pondrá a nuestras órdenes. Interroguemos la
conciencia del salvaje, preguntémosle si tiene algo que reprocharse. Cuando mata
a un semejante y lo devora, la naturaleza parece hablar en él; la naturaleza es muda,
él concibe lo que los tontos llaman crimen y lo realiza. Todo calla, todo está
tranquilo, y él ha servido a la naturaleza a través de la acción que más le place a
esta naturaleza sanguinaria en la cual el crimen mantiene la energía, y que sólo
se alimenta de crímenes.
Nous livrer ardemment à toutes les erreurs
Que toujours par leurs mains nous dicta la nature.
Ne respectons jamais que son divin murmure;
Ce que nos vaines lois frappent en tous pays
Est ce qui pour ses plans eut toujours plus de prix.
Ce qui paraît à l’homme une affreuse injustice
N’est sur nous que l’effet de sa main corruptrice,
Et quand, d’après nos mæurs, nous craignons de faillir,
Nous ne réussissons qu’à a la mieux accueillir5.
Ces douces actions que vous nommez des crimes,
Ces excès que les sots croyent illégitimes,
Ne sont que les écarts qui plaisent à ses yeux,
Les vices, les penchants qui la délectent mieux;
Ce qu’elle grave en nous n’est jamais que sublime;
En conseillant l’horreur, elle offre la vitime:
Frappons–la sans frémir, et ne craignons jamais
D’avoir, en lui cédant, commis quelques forfaits.
Examinons la foudre en ses mains sanguinaires:
Elle éclate au hassard, et le fils, et les pères,
Les temples, les bordels, les dévots, les bandits,
Tout plaît à la nature: il lui faut des délits.
Nous la servons de même en commettant le crime:
Plus notre main l’étend et plus elle l’estime6.
(5) Et comment pourrions–nous être coupables quand nous ne faisan qu’obéir aux
impressions de la nature? Les hommes, et les lois qui sont l’ouvrage des hommes,
peuvent nous considérer comme tels, mais la nature jamais. Ce ne serait qu’en lui
résistant que nous pourrions être coupables à ses yeux. Tel est le seul crime possible,
le seul dont nous devions nous abstenir.
(6) Aussi ôt qu’il est dé t montré que le crime lui plaît, l’homme qui la servira la
mieux sera nécessairement celui qui donnera le plus d’extension ou de gravité à ses
crimes, en observant que l’extension lui plaît mieux encore que la gravité, car le
meurtre ou le parricide, quelque différence qu’y établissent les hommes, sont absol-
Entregarnos ardientemente a todos los excesos
Que siempre nos indica la naturaleza con sus manos.
Respetemos siempre su susurro divino.
Lo más preciado para sus planes
Es lo que inútiles leyes castigan en todos los países.
Lo que parece al hombre una terrible injusticia
No es más, para nosotros, que el efecto de
su mano corruptora,
Y cuando, según nuestras costumbres, tememos infringirla
En realidad logramos honrarla mejor.5
Esas bellas acciones que vos llamáis crímenes,
Esos excesos que los tontos creen ilegítimos,
Son sólo las desviaciones que agradan a sus ojos,
Los vicios, las inclinaciones que le agradan más.
Lo que graba en nosotros es siempre sublime;
Aconsejando el terror, ella ofrece la víctima:
Golpeemos sin vacilar y nunca temamos
Por haber cometido crímenes cediendo a sus impulsos.
Pensemos en el rayo en sus manos sanguinarias,
Que estalla al azar, y los hijos, y los padres,
Los templos, los burdeles, los devotos, los bandidos,
Todo agrada a la naturaleza: necesita delitos.
También la servimos cometiendo crímenes.
Cuando nuestra mano ataca ella la estima más.6
(5) ¿Cómo podríamos ser culpables si no hacemos mas que obedecer a los impulsos
de la naturaleza? Los hombres y las leyes que son obra de ellos, pueden considerarnos
como tales, pero jamás la naturaleza. Sólo seríamos culpables para ella si
la resistiéramos. Ese sería el único crimen posible, el único que no debemos cometer.
(6) Una vez demostrado que el crimen le agrada, el hombre más útil para ella
será necesariamente el que dé mayor extensión e importancia a sus crímenes, aclarando
que la extensión le agrada más que la gravedad, pues el asesinato o el parricidio,
sea cual fuere la diferencia que establezcan los hombres, son exactamen
Usons des droits puissants qu’ella excerce sur nous
En nous livrant sans cesse aux plus monstrueux goûts7:
Aucun n’est défendu par ses lois homicides,
Et l’inceste, et le viol, le vol, les parricides,
Les plaisirs de Sodome et le jeux de Sapho,
Tout ce qui nuit à l’homme ou le plonge au tombeau,
N’est, soyons–en certains, qu’un moyen de lui plaire.
En renversant les deiux, dérobons leur tonnerre
Et détruisons avec ce foudre étincelant
Tout ce qui nous déplaît dans un monde effrayant.
N’épargnons rien surtout: que ses scélératesses
Servent d’exemple en tout à nos noires prouesses.
Il n’est rien de sacré: tout dans cet univers
Doit plier sous le joug de nos fougueux travers8.
Plus nous multiplierons, varierons l’infâmie,
ument le même chose à ses yeux. Mais celui qui aura commis le plus de désordres
dans l’univers lui plaira toujours bien davantage que celui qui se sera arrêté au
premier pas. Que cette vérité mette bien à l’aise ceux qui lâchent la bride à leurs
passions, et qu’ils se convainquent bien qu’ils ne servent jamais mieux la nature
qu’en multipliant leurs forfaits.
(7) Ces goûts ne sont vraiment utiles et chers à la nature qu’autant qu’ils propagent,
qu’ils étendent ce que les hommes appellent le désordre. Plus ils coupent,
sapent, détériorent, détruisent, plus ils lui sont précieux. L’éternel besoin quelle a
de destruction sert de preuve à cette assertion; détruisons donc ou empêchons de
naître, si nous voulons être utiles à ses plans. Ainsi le masturbateur, le meurtrier,
l’infanticide, l’incendiaire, le sodomite, sont des hommes selon ses désirs et ceux
que nous devosn par conséquent imiter.
(8) S’imposer des freins ou des barrières dans la route du crime serait visiblement
outrager le lois de la nature qui nous livre indistinctement tous le êtres dont elle
nous entoure sans jamais motiver d’exception, parce qu’elle méconnaît nos chaînes
et nos liens, que toutes ces prétendues destructions sont nulles à ses yeux, que la
frère qui couche avec sa saur ne fait pas plus de mal que l’amant qui couche avec
sa maîtresse et que le père qui immole son fils n’outrage pas davantage lanature
que le particulier qui assassine un inconnu sur le grand chemin. Aucune de ces
différences n’existe à ses yeux: ce quelle veut, c’est le crime; n’importe la main qui
le commet ou le sein sur lequel il est commis.
Usemos los poderosos derechos que ejerce sobre nosotros
Entregándonos sin cesara las más monstruosas aberraciones.7
Nada está prohibido por sus leyes homicidas,
Y el incesto, la violación, los parricidios,
Los placeres de Sodoma y los juegos de Safo,
Todo lo daña al hombre o lo lleva a la tumba,
Sólo son, estemos seguros, maneras de complacerla.
Al acabar con los dioses, robémosles el trueno
Y con el rayo incandescente destruyamos
Todo lo que nos desagrada en un mundo abominable.
Sobre todo, no ahorremos nada: que sus maldades
Sirvan de ejemplo para nuestras proezas.
Nada es sagrado: todo en este universo
Debe ceder al yugo de nuestras fogosas tendencias.8
Cuanto más nos multipliquemos, variaremos la infamia,
te lo mismo para, la naturaleza. Pero aquel que hubiera cometido el mayor número
de desórdenes siempre le agradará más que el que se detiene en el primer paso.
Que esta verdad satisfaga plenamente a quienes dan rienda suelta a sus pasiones,
para que se convenzan que nunca servirán mejor a la naturaleza que multiplicando
sus crímenes.
(7) Estas tendencias sólo serán útiles y apreciadas por la naturaleza en la medida
en que propaguen y extiendan lo que los hombres llaman desorden. Cuanto
más corten, hundan, deterioren y destruyan, tanto más valiosos serán. La eterna
necesidad de destrucción que tiene la naturaleza prueba esta afirmación. Destruyamos
pues o impidamos nacer, si queremos ser útiles para, sus planes. Así, el masturbador,
el asesino, el infanticida, el incendiario y el sodomita son hombres que
responden a sus deseos y son, por consiguiente, los que debamos imitar.
(8) Imponerse frenos o poner barreras en el camino del crimen sería evidentemente
ultrajar las leyes de la naturaleza, que nos libera por igual a los seres que rodea
sin ninguna excepción, porque ella desconoce nuestras cadenas y vínculos. Todas
esas presuntas destrucciones no existen para ella: el hermano que se acuesta con la
hermana no hace más mal que el amante que se acuesta con su querida, y el padre
que inmola a su hijo no ultraja más que quien asesina a un desconocido en
una ruta. Para la naturaleza no existe ninguna de esas diferencias. Ella desea el
crimen y no importa, la mano que lo cometa ni el cuerpo en el cual es cometido.
Mieux nous la sentirons dans notre âme affermie,
Doublant, encourageant nos cyniques essais,
Pas à pas chaque jour nous conduire aux forfaits.
Après les plus beaux ans si sa voix nous rappelle,
En nous moquant des dieux retournons auprès d’elle:
Pour nous récompenser son creuset nous attend;
Ce que prit son pouvoir, son besoin nous le rend.
Là tout se reproduit, là tout se régénère;
Des grands et des petits la putain est la mère,
Et nous sommes toujours aussi chers à ses yeux,
Monstres et scélérats que bons et vertueux.
La sentiremos mejor en nuestra alma obstinada
En repetir, en alentar nuestros cínicos intentos
Para llevarnos diariamente y paso a paso a los crímenes.
Después de los mejores años, si su voz nos llama,
Regresemos junto a ella burlándonos de los dioses;
Su crisol nos aguarda para recompensarnos;
Lo que adquiere su poder, nos lo devuelve su necesidad.
Allá todo se reproduce, todo se regenera;
La puta es la madre de los grandes y de los pequeños,
Y todos nosotros siempre somos muy queridos para ella,
Monstruos y malvados como buenos y virtuosos.
[Projet de frontispice]
En nous livrant sans cesse aux plus monstrueux goûts.
CE VERS sera au bas de l’estampe, laquelle représente un beau
jeune homme nu enculant une fille également nue. D’une main
il la saisit par le cheveux et le retourne vers lui, de l’autre il lui
enfonce un poignard dans le sein. Sous ses pieds sont le trois personnes
de la Trinité et tous le hochets de la religion. Au–dessus,
la Nature, dans une gloire, le couronne de fleurs.
(Proyecto de frontiscipio)
Librándonos sin cesar a los gustos más monstruosos
ESTE VERSO estará debajo de la estampa, que representa un hombre
desnudo, joven y bello, penetrando a una joven también desnuda.
Con una mano la agarra de los cabellos y la atrae hacia él,
con la otra le hunde un puñal en un seno. A sus pies están las
personas de la Trinidad y los chirimbolos de la religión. Esta escena
está coronada por las flores de una Naturaleza en toda su
gloria.